Collection: Exposition en cours

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A propos / About

D'oie

November 15 - December 20 2025

Vernissage : Samedi 15 Novembre - Opening 15 November

 

DOSSIER DE PRESSE

PRESS RELEASE

Catalogue

Nous sommes heureux d'accueillir le premier solo show de Timothée Gruel : D'oie

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We are pleased to welcome the first solo show at the gallery by Timothée Gruel : D'oie

 

 



Expositions / Exhibitions

Texte / Text

D'oie


Six aveugle dans une pièce avec un éléphant en captent chacun une caractéristique. L’un s’approche de la trompe, l’autre touche l’oreille, un autre une patte, le ventre et tous se font une idée de l’animal d’après ce qu’ils sont en mesure de toucher. Au moment de décrire l’animal, personne n’est en mesure de se mettre d’accord sur une définition. Cette fable indienne qui parle des limites de nos perceptions face à des phénomènes qui nous dépassent pourrait s’appliquer aussi bien au passé. Avec des outils et des instruments différents, avec nos sens, nous lui donnons une forme qui nous est propre, qui traduit notre position dans le monde. En travaillant de mémoire, Timothée Gruel avance ainsi à tâton, d’où l’importance des mains dans ses compositions. Elles permettent de dessiner l’espace moins dans une perspective que dans un rapport de plans ; ce qui est à portée et ce qui ne l’est pas, ce qu’on peut toucher ou non. Avec la peinture L’éléphant, grand diptyque dans lequel l’artiste retaille, en usant des réserves, les pentes d’un toit, il s’agit ainsi de traduire par la frontalité une atmosphère, la relation entre un père et des enfants et comme en arrière plan, avec l’image d’un pachyderme, la puissance d’évocation d’une peinture murale. Il s’y trouve ainsi, par les tonalités utilisées, comme le rappel d’un art pariétal, une mise en abyme particulièrement vertigineuse.


Longtemps, Timothée Gruel a titré toutes ses toiles Souvenirs. L'épaisseur du temps pouvaient se lire dans les contours des visages qui finissaient par ne plus renvoyer à des individus en particulier, si ce n'est à l'artiste lui-même. Les déformations des sujets et la présence récurrente de courbes lui permettaient d'induire des sensations d'inquiétude, de malaise à l'intérieur même de scènes quotidiennes. Une jeune femme jouant avec son chien semblait ainsi prête à être dévoré par un loup, la rencontre avec des oies dans un coin de campagne pouvaient donner lieu à d'autres interprétations. La rencontre avec l'animal est progressivement devenue un révélateur ; envisagé sous un angle symbolique, comme le montre la stylisation des traits, les animaux semblent tout droit sortis de contes. D'un pastel à une peinture, les oies qui viennent saisir les personnages renvoient à des pressions extérieures et participent à traduire des humeurs ou états d'âme. La découpe des châssis, le format des toiles dessinent comme les fenêtres arrière d'une voiture ou d'un train ; elles induisent une façon d'être spectateur en biais, au travers d'un passage. La peinture se fait récit suspendu, énigme, ouverture à l'instar d'un bol rempli d'œufs. Jeu de contraste et promesse d'avenir.
Henri Guette ( Critique d’art et membre de l’ACIA), novembre 2025