Cette troisième exposition personnelle de l’artiste Pierre Daquin, à la galerie, rassemble ses oeuvres récentes, dans lesquelles il a eu recours (entre autres) à la brûlure. L’usage du feu n’est pas nouveau dans sa pratique. Chef de file, en France, de la Nouvelle tapisserie dans les années soixante, fort de la prestigieuse formation des Gobelins, il avait notamment commis l’impensable dans les années 70 : brûler les bords d’une précieuse tapisserie, en double tissage, afin qu’en consumant sa lisière de fils, elle se dédouble et libère ses intérieurs; ces « interfaces » si chères à l’artiste. Cette radicalité du geste, Pierre Daquin la poursuit tout au long de sa carrière d’artiste; en témoigne l’exposition Action / Pli que lui consacre le Musée d’Art Moderne de Paris en 1974. Alors connu à l’international pour son travail au long court de tapisseries - installations blanches (en supprimant le motif, il s’intéresse à la matière, elle même, à ses hauts-reliefs devenus son vocabulaire spécifique) - il prend ses visiteurs de court en y exposant une série de grands vinyles noirs pliés ou reliant sols-murs, déployés, offrant au regard les envers cachés, affirmant que ce qui l’intéresse désormais se trouve dans l’action de révéler. Nous empruntons à cette exposition marquante le titre de la notre, tant il est évident que l’action, qui plus est répétée, est au coeur du travail de Pierre Daquin. Michel Thomas-Penette (ancien directeur de l’Institut des Itinéraires Culturels Européens) évoquait très tôt d’ailleurs « le verbe actif » de Pierre. Dans les oeuvres récentes de l’artiste, de nombreux gestes sont à l’oeuvre sur des matériaux bruts: tissage, pli, peinture, révélation, camouflage; certaines toiles ont également été enfouies dans son jardin pendant deux ans pour que la terre teinte et altère la matière. Toutes ces actions ont pour effet d’organiser et de rythmer la surface, afin de donner un cadre à l’aléatoire inhérent à la dernière étape du travail : l’utilisation du feu, dans l'idée non pas d'anéantir, mais au contraire de régénérer. « Les brûlures dessinent les contours des vides qu’elles ont créés, offrant une composition, une écriture vide-plein, une partition à interpréter. » Pierre Daquin
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Opening December 5th 2024
6 pm to 9 pm
in presence of the artist
The third solo show by artist Pierre Daquin at the gallery showcases his recent works, in which he has employed, among other techniques, burning.
The use of fire is not new to his practice. A leading figure of France’s "New tapestry" movement in the 1960s, a distinguished graduate of the Gobelins school, Daquin famously committed the unthinkable in the 1970s: burning the edges of a precious double-woven tapestry. By consuming its fringes, the tapestry split apart, releasing its innerside — what the artist calls 'the interface'.
This radicalism has marked Pierre Daquin’s artistic journey, as in his exhibition 'Action / Pli' (Action / Fold), presented at Musée d’Art Moderne de Paris in 1974. At that time, Daquin was internationally recognized for his lengthy work on white tapestry installations (by refusing color, he shifted focus to the material itself, creating high-relief forms that became his main vocabulary). You can imagine how surprised were the visitors entering the museum, facing a radical series of large black vinyl pieces, bridging floors and walls, folded to disclose hidden undersides - a confirmation that Daquin's main focus was the act of revealing.
We draw inspiration from this memorable show for our exhibition title, as it is clear that action —especially when repeated — is central to Pierre Daquin’s work. Michel Thomas-Penette (former director of the European Institute of Cultural Routes) very soon referred to Pierre Daquin’s “active verb”.
In the artist’s recent works, a great number of actions are used to shape raw materials: weaving, folding, painting, revealing, hiding. Some canvases were even buried in his garden for two years so the earth could stain and alter the material. These actions structure the surface in a particular rhythm, building a strong framework to let a space to accident of the final stage, embodied by the use of fire — not to destroy, but to regenerate.
“Burns trace the contours of the voids they create, offering a composition, a writing of emptiness and fullness, a partition to be interpreted.” – Pierre Daquin