Collection: Guillaume TOUMANIAN

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A propos / About

Guillaume Toumanian est né à Marseille en 1974 et travaille à Paris et Bordeaux. Étudiant en art dans les années 90, il ne s'est jamais détourné de la peinture et a développé son style unique de "paysages de mémoire", à la croisée du réel et de l'imaginaire. Lauréat du Prix Bernard Magrez ICBM en 2017, il fait plusieurs résidences en France et à l'étranger en Chine notamment. Il est le fondateur du MENK, projet artistique et culturel soutenu par l'Institut français d'Arménie. Au printemps 2023, il fait partie de l'exposition "Immortelle" au Musée d'art contemporain (MOCO) de Montpellier, en France, réunissant 80 peintres contemporains.

Guillaume Toumanian was born in Marseille in 1974 and works between Bordeaux and Paris. An art student in the 90's, he never turned back on painting and developed his unique style of "memory landscapes", at the crossroads of reality and imagination. He won several Prizes and residencies in France and abroad (China, USA, etc) and is the founder of MENK project, shedding light upon Armenian artistic scene. In spring 2023, he has been part of the exhibition "Immortelle" at Museum of Contemporary Art (MOCO) of Montpellier, France, gathering 80 contemporary painters.

Expositions / Exhibitions

Formation - Education

1993-1997 Diplômé Maîtrise Arts Plastiques Université Bordeaux Montaigne(ateliers de dessin et peinture à l'annexe de l'École des Beaux Arts de Bordeaux)

(Télécharger la biographie complète)

Expositions personnelles (sélection)  - Solo shows 

2022  « Ce qui reste » (texte Julie Chaizemartin) Galerie Lazarew, Paris

2021  « Variations » (entretien avec Michel Hilaire directeur Musée Fabre) Galerie Samira Cambie, Montpellier

« Genius loci » (texte Jeanete Zwingenberger) Galerie Lazarew, Paris

2020  « Enraciné » Centre d'Art Contemporain Landes, Mont de Marsan 

2019  « Présences »(texte Dominique Rabaté) Galerie Regard Sud, Lyon

2018  « La face cachée » Galerie Samira Cambie, Montpellier  « De la lumière » (texte Mariam Korichi) Institut Culturel Bernard Magrez, Bordeaux

2017  « Memento » Château d'Issan-Margaux

2016  « A la lisière » Hôtel Saint-Simon (ancien Frac), Angoulême

2015 La ligne bleue, Carsac-Aillac

2014  « Hors-sol » Galerie SpArts, Paris Galerie Fabrice Galvani, Toulouse

2013 Galerie Sordini, Marseille « A rebours » Centre d’Art Médiathèque, Lormont

2011  « Déjà-vu » (texte Cécile Croce)  Jardin Botanique Bordeaux

2009  "Respirez vous êtes vivants » Galerie Sordini, Marseille

Expositions collectives (sélection)  - Collective exhibitions 

2023 « Mimesis » Galerie Lazarew Paris avec Axel Pahlavi, Florence Obrecht, Nazanin Pouyandeh, Raphaelle Ricol et Stéphane Pencreac'h 

« Arts Arméniens ; regards croisés #1 » ARP Paris avec le Musée Arménien de France et le projet MENK 

« Outsider Agora » Kunsthaus Laurent Kruppa Brandenbourg 

« Immortelle » MOCO Montpellier Contemporain

« Autoportrait » Galerie Samira Cambie, Montpellier

2022 Luxembourg Art Week Galerie Lazarew Paris 

Centre d'art contemporain, Bédarieux - Galerie Samira Cambie Salon art contemporain 

BAD – Galerie Bakery Art Galerie, Bordeaux « Impressions multiples » estampes – Galerie Samira Cambie, Montpellier "MENK" Centre d'Art Contemporain Landes, Mont de Marsan « Cinq hivers...six printemps » Galerie Samira Cambie, Montpellier Collection Bernard Magrez exposition collection ICBM Bordeaux

2021  « Traverses » Centre d'Art La Fenêtre - Galerie Samira Cambie, Montpellier 

« 10 ans » Galerie Lazarew, Paris

2020  « Bleu » Galerie Lazarew, Paris

2019 Galerie Felli, Paris « Urbanités » Galerie Fabrice Galvani; La Cartoucherie Toulouse

« A corps perdu » Galerie Samira Cambie, Montpellier

2018 West Lake Art Fair, UAAF Hangzhou Art Center Space3, BA Culture Art Industry Inc., Pékin « Dans le cône sombre de la terre » Galerie des jours de lune, Metz Salon Dessin, UAAF (Union des Artistes d'Asie en France), Paris Galerie Samira Cambie, Montpellier Biennale Internationale de l'Estampes, NPKA Art Center, Erevan

2017 Institut Culturel Bernard Magrez, Grand prix Bernard Magrez, Bordeaux

2016  « Summer show », Galerie Felli, Paris

« En traversant le Paysage » Chapelle Saint-Loup, Saint-Loubes - Bordeaux

2014  « Rund & Bunt » Westwerk Hambourg

« Post-Faces », Maison des Arts - Université Bordeaux Montaigne

2012 Patio de septembre, sélection de la collection de la ville d’Anglet Galerie Sordini dans le cadre du 6ème forum mondial de l’eau, Marseille

2011 Centre d’Art « Maison des Cygnes », Six-Fours (Galerie Sordini, Marseille) 2010 « Natura naturata » Musée d’Aquitaine, Bordeaux

2009  « Dialogue » avec Dominique Laugé - Galerie Fabrice Galvani, Toulouse «Forêt» avec Vincent Roumagnac PHM Bordeaux

Résidence / Prix - Residency / Prize

2023 Projet MENK – Institut français d’Arménie avec Axel Pahlavi et Florence Obrecht 

2020  LAccolade résidence Paris  - atelier / aide à la production de lithographies IDEM Paris 

2018 Pékin et Hangzhou, Chine - CIARP China International Artists Résidence project - Avec UAAF Paris : Yuhong HE 

2017 Institut Culturel Bernard Magrez, Grand prix Bernard Magrez, Bordeaux

2016/17 Projet Darwin Bordeaux

Texte / Text

Entrer dans la peinture de Guillaume Toumanian et pénétrer dans l’obscurité nitescente. Le noir luit, non d’un classique clair-obscur mais d’un drap de songes acidulés de rais violacés et bleu cobalt. Au loin, les brumes orangées ceignent les horizons indécis, à nos pieds, les trous d’eau solitaires à l’étrange pâleur, clapotent, comme des soupirs. Entre les arbres noirs des forêts, parfois, une ombre surgit, courbée et anonyme. Aussi mystérieuses que cet autoportrait rougeoyant aux yeux aveugles et à la bouche mutique. Visage solitaire qui voyage peut-être au cœur de ces sous-bois ruisselant de jaune.

Et soudain, le crépuscule de feu et l’aube d’émeraude inondent un éther qui, déjà chargé, transforme le paysage en vision spectrale. Notre regard s’y accroche, la matière picturale aussi. Lourde, mouvante, elle joue avec l’effet de flou, creuse et triture la toile, déchaîne par endroits des surgissements et des filaments de lumière. « Image acoustique » nous dit le peintre qui a été confronté au souffle de la peinture chinoise si bien décrit par François Cheng.

L’obscurité, en pleine lueur, parlerait donc un langage secret. Sonorité qui danse, plus fluide, dans les encres sur papier de riz et laisse la matière s’écouler en méandres abstraits, territoires d’eau, de terre ou de ciel, scrutant les flaques de lumière sous-jacentes. La surface de la peinture est ici le cratère à demi-ensommeillé d’une activité souterraine bouillonnante, dont elle révèle, par touches subtiles, l’intensité. Celle-là même qui, il y a quelques années, dans des œuvres plus anciennes, sedéployait avec véhémence, dans des séries de torses et de corps au trait plus expressionniste. Intensité gestuelle, crépitante, qui fait son retour dans certains paysages récents et fleurte avec l’idée d’abstraction.

Pour arriver à cette intériorité de la matière, le peintre travaille longtemps ses toiles, les retouche souvent avant de les laisser reposer, jusqu’à l’apparition d’une patine qui laisse volontairement la peinture aux prises avec les mutations du temps. Ses grandes atmosphères se nimbent alors d’une profondeur aux accents symbolistes, au bord du bois hanté et du maraisbruissant. `

Ainsi, Toumanian est toujours à la «lisière », sous la frêle « lueur », près des « lucioles » - si lumineuses et pourtant invisibles. Autant de termes qui titrent ses œuvres. L’artiste se tient au bord de l’abîme, vigie solitaire regardant l'obscurité impénétrable. Cependant, si cette dernière semble majoritaire, elle ne gagne jamais. En cela la peinture de Toumanian n'a rien de tragique ou de romantique. Elle serait plutôt de l'ordre de la résistance et de la régénération.

Ses figures, autrefois étreintes de violence, ressurgissent aujourd’hui, plus calmes, silhouettes silencieuses sur des fonds unis, au coloris étrangement irréel, à l’instar de ces flashs mémoriels qui remontent du puits de nos mémoires. Présences qui ne sont finalement que des corps absents. Les paysages le sont aussi, car ils ne sont en aucun cas des peintures sur le motif. Ils sont les traces d’un imaginaire retranché qui auraient la capacité magique de réactiver des présences disparues, des oublis, des non-dits. La puissance de la représentation passe ici par un désir inconscient de repossession d'une image mentale, rêvée ou peut-être vécue. Ce chêne fort et puissant que Toumanian a peint à une époque avec obsession, n’est-il pas « ce bel oranger » aux côtés duquel il a grandi et qui raconte aussi l’histoire de ses ancêtres ? Sa force symbolise peut-être ce père qui ne parlait pas mais qui portait en lui l’histoire des grands-parents arméniens. Morceau d’histoire crucial, tu pendant des années jusqu’à ce qu’un jour la parole se libère. Toumanian fera le voyage en Arménie, plusieurs fois, au point de créer des ponts artistiques solides et d’avoir envie de partir sur les traces des peintres des Balkans.

Ses nocturnes enferment aussi en elles, à leur manière, une ressouvenance des grands paysages tumultueux d’Aïvazovski et du chromatisme moderne de Martiros Sarian. Le geste de Toumanian donne toujours la primauté au ressenti émotionnel, justement parce qu'il entame le long chemin de la réactivation d’une image mémorielle, restée enfouie quelque part. Au creux d’une terre lointaine, mythique, comme évaporée.

Peintre des lueurs de la nuit, il recherche les chemins des étoiles mortes, dont on ne sait presque rien mais qui continuent d’illuminer les profondeurs de l’univers. Ses paysages sont le refuge de son intériorité, et de la nôtre, à qui sait regarder. Hétérotopies troubles qui ne se corrompent jamais dans le noir. Qui s’accrochent à « ce qui reste ».

Julie Chaizemartin (Historienne de l’art et critique)